Entrevue avec M. Yvon Marcoux, Ministre des Transports du Québec

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Source photo: Assemblée nationale

L’expérience professionnelle, l’engagement communautaire et les fonctions politique, parlementaire et ministérielle de M. Yvon Marcoux démontrent la place que prend l’intérêt de chaque citoyen et citoyenne du Québec. Jurizone a décidé de s’entretenir avec lui suite à son long parcours dans le domaine juridique, le monde des affaires et à titre de député de Vaudreuil et de ministre des Transports du Québec. C’est avec plaisir qu’il a accepté de répondre à nos questions.

(Entrevue datant de 2005-02-01)

Jurizone: Au cours de votre carrière, vous avez touché au domaine juridique, au monde des affaires et à la sphère politique. Dans quel sens vous considérez que ces domaines peuvent se rejoindre et se retrouver en une seule personne ?

YM: Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la chose publique. On peut définir la chose publique par le désir de participer à l’organisation de la société, au partage des valeurs et au développement d’idées novatrices. Les différents choix, tout au cours de ma carrière, ont été dictés par ce même désir. Ainsi, mon intérêt pour le domaine juridique, mon action dans le monde des affaires et mon engagement politique m’auront permis d’être en contact avec des dossiers fort intéressants ayant une ascendance directe sur le développement économique et social du Québec. Je continue de croire que ces trois domaines sont étroitement liés et fort complémentaires.

Jurizone: Si l’on suit le code de la sécurité routière, nous remarquons que plusieurs dispositions ne sont pas respectées par les automobilistes et les piétons. Il y a un point à mettre au clair : les « lignes jaunes » (aux intersections sans arrêt ni feu de circulation), quelles sont les règles à ce niveau ?

YM: Tout d’abord, précisons qu’un automobiliste n’a pas l’obligation de s’arrêter à une intersection lorsqu’il n’a pas de feux de circulation ou bien un arrêt obligatoire. C’est notamment le cas aux intersections visées par l’article 369 quand les panneaux d’arrêt sont installés pour une seule chaussée. Cependant, il doit le faire en présence du feu rouge ou de panneaux d’arrêt installés sur toutes autres chaussées. Par ailleurs, un passage pour piéton contrôlé par des panneaux d’arrêt ou des feux de circulation situés à une intersection doit être délimité par deux lignes de couleur blanche parallèles et continues suivant les normes de signalisation édictées par le ministre des Transports en vertu de l’article 289 du Code de la sécurité routière.

Ainsi, sur une chaussée sans panneau d’arrêt aux intersections, le conducteur n’a pas d’arrêt à faire puisqu’il a la priorité de circulation et le gestionnaire de réseau ne doit normalement pas tracer au sol de passage pour piétons car il n’y a pas de protection. Ailleurs, dans toutes autres circonstances où un passage pour piéton est délimité par des bandes de couleur jaune au sol et signalé par un panneau de la série P-270, le conducteur d’un véhicule doit immobiliser son véhicule avant le passage pour piétons et céder le passage aux piétons.

Pour ce qui est de l’obligation du conducteur d’immobiliser son véhicule avant le passage pour piétons ou la ligne d’arrêt, les dispositions du CSR sont claires à cet effet et le non respect de cette obligation est déjà sanctionné par une amende de 100$ et 3 points d’inaptitude. Il s’agit avant tout d’un changement de comportement et de civisme qu’il serait bon de rappeler aux automobilistes. Néanmoins, en tout temps les forces policières peuvent sanctionner les comportements délinquants.

Jurizone: Concernant certains sujets ayant déjà fait les manchettes dans les différents médias, croyez- vous que le Québec va « importer » le concept de péage sur les autoroutes ?

  • Les autoroutes A-25 et A-30 dans la région de Montréal sont des projets en préparation pour lesquels le péage est considéré pour en faciliter le financement et donc permettre la réalisation la plus rapide possible de ces projets importants.
  • YM: Les autoroutes A-25 et A-30 dans la région de Montréal sont des projets en préparation pour lesquels le péage est considéré pour en faciliter le financement et donc permettre la réalisation la plus rapide possible de ces projets importants.
  • Ce sont des projets en partenariats publics-privés (en conformité avec la Loi sur les partenariats en matière d’infrastructures de transport) qui permettent au gouvernement de diminuer leurs coûts de financement, partager les risques financiers et autres avec le secteur privé et ainsi développer l’expertise du Québec dans ce type de projet.
  • Pour ces projets, l’opportunité du péage est envisagée en tenant compte de la possibilité d’utiliser des axes alternatifs gratuits de façon à éviter de pénaliser indûment les usagers.
  • Le ministère suit avec attention les développements technologiques en matière de télé péage actuellement à l’étude aux Etats-Unis et en Europe (Allemagne, Angleterre, Autriche) compte tenu des perspectives à long terme qu’ils ouvrent relativement au financement des infrastructures de transport routier, du transport en commun et des systèmes intermodaux.
  • Le gouvernement étudie cette possibilité, seulement en ce qui concerne ces deux projets.

Il faut souligner les contextes très différents d’application des péages en Europe :

  • En France : un réseau autoroutier presque entièrement bâti par du financement par péage.
  • En Angleterre, à Londres : un «péage cordon» pour la gestion de la circulation d’une zone urbanisée très dense et réduite entièrement congestionnée.
  • En Allemagne et en Autriche : un réseau autoroutier saturé et utilisé par du transport lourd transfrontalier important.

Alors qu’en Amérique du Nord, les expériences de péage se limitent encore à du financement d’infrastructures ponctuelles dont la gestion de voies autoroutières de décongestion (hot-lanes).

Jurizone: Il a été récemment question dans l’actualité de la possibilité d’augmenter les limites de vitesse sur certaines autoroutes du Québec. Comptez-vous aller de l’avant dans ce dossier et sur quelle base?

Depuis une douzaine années, la question fait régulièrement surface et la réponse demeure toujours la même. Les observations à l’étranger et un grand nombre de recherches indiquent qu’il existe une corrélation de cause à effet entre l’augmentation de la limite de vitesse et le nombre et la gravité des accidents (mortels et graves). De plus, on constate généralement un changement de comportement qui a pour effet que les conducteurs continuent de dépasser la nouvelle limite de vitesse même après l’augmentation de celle-ci. Alors, comme je l’ai déjà mentionné à quelques reprises, il n’est donc pas envisagé, pour le moment, d’augmenter ladite limite de vitesse.

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