(Entrevue datant de 10-03-2006)
Être fraîchement gradué comme avocat peut parfois paraître compliqué. Plusieurs personnes craignent l’arrivée de ce moment. Cependant, d’autres, attendent cet événement avec impatience et détermination et prennent le domaine de front avec confiance et courage. C’est le cas de Me Laura Colella, une jeune avocate qui pratique le droit dans la firme Nazem, Lévy-Soussan, Lauzon, Ratelle.
Jurizone : Me Colella, parlez-nous un peu de votre cheminement.
Me Colella: J’ai une formation en éducation spécialisée. J’ai travaillée comme éducatrice spécialisée auprès des jeunes vivant avec des troubles de comportements sévères et avec une clientèle adulte vivant avec des handicaps intellectuels. Par la suite, j’ai été faire des études en droit en 2001 et ai gradué en 2004. J’ai été reçu au tableau de l’Ordre en 2005.
Jurizone : À titre de jeune avocate graduée il y a à peine quelques années, comment était la transition entre la théorie et la pratique ?
Me Colella: Pour moi, la transition s’est très bien déroulée. Lorsque j’étais étudiante au baccalauréat, j’ai eu la chance de remplacer deux cours par un stage dans un bureau d’avocats. J’ai donc travaillé deux jours par semaine à la firme Cohen, Nazem, Lévy-Soussan qui est devenue, en janvier 2005, Nazem, Lévy-Soussan, Lauzon, Ratelle. Suite à mon stage, j’ai continué à travailler avec eux et à ce jour, je fais partie de la firme. Donc, quand j’ai complété mes études, ce n’était pas tout nouveau pour moi. Je connaissais bien les dossiers du bureau, les avocats du bureau et j’avais appris énormément avec ceux-ci. Ils sont très pédagogues et je leur dois une bonne partie de ma formation. Ce qui a été nouveau pour moi a été de plaider à la Cour. Mais puisque la confiance était déjà bien établie dans mon bureau, dès ma première journée de stage, j’ai commencé à plaider devant les tribunaux. Ça l’a été tout un défi de mettre en pratique ce que l’on apprend au barreau. D’ailleurs, toutes les présences devant un tribunal sont formatrices. On n’arrête jamais d’apprendre.
Jurizone : Vous pratiquez dans différentes branches du droit, laquelle préférez-vous ?
Me Colella: C’est difficile pour moi d’identifier la branche de droit que je préfère. En fait, je me sens très confortable à pratiquer le droit de la famille, par contre, le droit civil ou le droit commercial viennent contrebalancer l’émotivité du droit familial.
Jurizone : Mais, pourquoi vous avez choisi de pratiquer dans ces domaines qui s’avèrent être tout de même pas mal différents ?
Me Colella : J’ai choisi expressément de pratiquer dans quelques domaines différents parce que ça l’apporte une bonne balance et ce sont tous des domaines qui m’intéressent énormément. D’ailleurs, cette manière de pratiquer me permet de continuer ma formation, en quelque sorte, parce qu’il devient très important de garder à jour nos connaissances dans tous ces domaines. C’est primordial pour moi.
Jurizone : Vous vous impliquez en politique. Plusieurs avocats et avocates s’impliquent, tout comme vous, dans un parti politique quelconque. Quelles sont les raisons de ce genre d’implication ?
Me Colella: Je ne peux pas vous dire pourquoi les autres le font. Pour ma part, mon implication politique a commencé bien avant mes études en droit. La politique m’a toujours passionnée et j’ai été conscientisée très tôt à l’importance capitale que revêt la politique dans notre société. C’est la base de notre société. Notre vie de tous les jours est bien entendu influencée par elle. En ce sens, la politique a été une voie naturelle pour moi. Les études en droit n’ont en fait aucun lien avec mon implication politique. Mon implication politique est alimentée par une volonté d’implication sociale et sociétaire et mes études en droit l’ont été plutôt par nécessité de stimulation intellectuelle.
Jurizone : Pensez-vous que le droit vous ouvre plusieurs portes ?
Me Colella: À bien des égards, le droit ouvre plusieurs portes. Il suffit de regarder les carrières diversifiées occupées par les juristes. Il y a la pratique à proprement parler, que ce soit en pratique privée, ou le “in-house”, en passant par les organismes publics et parapublics. Le droit a mené vers la politique, le journalisme, le communautaire. Une formation en droit ne nuit jamais. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier que pour ouvrir les portes, il faut tourner la poignée.
Jurizone : Selon votre propre expérience à titre de jeune avocate, que réservent les premiers mois dans la vie d’un juriste qui débute dans le domaine du droit ?
Me Colella : Bien sûr, les premiers mois sont très formateurs, et on ne doit pas oublier que la formation n’est pas terminée. C’est une chose d’être assis à l’Université ou au Barreau, c’est toute une autre d’appliquer, de mettre en pratique tout ce que l’on a appris. Il faut être patient les premières années.
Jurizone : Quelles devraient être les principales pistes à suivre ?
Me Colella: Je suggère évidement à tous les jeunes juristes ou futurs juristes de trouver un bon réseau d’avocats qui pratiquent depuis un moment, en qui on a confiance, comme référence. Au surplus, il faut commencer à préparer l’entrée dans le monde juridique bien avant le stage du barreau. Il faut établir clairement des objectifs personnels, savoir dans quel type de pratique l’on veut s’orienter, quels sont les plans de carrière, et comment y arriver. Au surplus, il ne faut pas sous-estimer l’importance de se tenir à jour et de bien observer ce qui se passe autour de nous et bien préparer les dossiers. Par exemple, si on est à la Cour et on attend notre tour pour présenter notre dossier au tribunal, il faut observer ce qui se dit, comment les autres avocats présentent leur cause, la décision du juge et les pourquoi de cette décision. La jurisprudence est extrêmement importante – une heure par jour de temps personnel pour se mettre à jour sur les décisions rendues par les différents tribunaux est utile. Il ne faut pas hésiter à mettre les heures nécessaires pour bien réussir.
Jurizone : En tant que jeune avocate ayant grandi dans une société qui encourage le développement de la technologie, que pensez-vous du rôle de celle-ci dans la pratique des juristes de nos jours ?
Me Colella : La technologie joue un rôle incontournable dans la pratique du droit. Elle sauve un temps précieux et est source de développement. Il faut bien savoir l’utiliser, il faut comprendre où et comment aller chercher l’information pertinente. Je connais très peu d’avocats qui n’utilisent pas les technologies de l’information, compte tenu de la place importante qu’elles prennent. D’ailleurs, la technologie offre de grandes possibilités que nous devons commencer à explorer. Ce développement, nous le savons, est rapide et il faut suivre ce train. Éventuellement, notre pratique sera plus simplifiée, si nous exploitons correctement ce que la technologie peut nous offrir.