(Entrevue datant de 08-04-2009)
On dit souvent que le droit mène à tout. Travail autonome, firme, petit bureau, gouvernement, entreprise,… Plusieurs personnes qui choisissent le droit optent pour d’autres domaines une fois leur diplôme en main. D’autres développent des passions qui leur ouvrent les voies du succès. Politique, affaires, arts, sports, culture,…C’est le cas d’une jeune avocate qui a été finaliste dans l’équivalent de Canadian Idol à l’étranger, qui a donné plusieurs spectacles et qui a collaboré à la production d’un CD, Me Miray Zahab. Pour en apprendre davantage sur ce genre de cheminement, Jurizone l’a rencontrée.
Jurizone : Vous êtes avocate depuis quelques mois, comment trouvez-vous vos débuts ?
Me Miray Zahab : Je suis avocate depuis 8 mois et ce n’était vraiment pas facile de débuter à mon compte mais il faut avoir beaucoup de motivation et de positivisme pour persévérer. Il faut aussi se dire que nous en sommes à nos débuts et que l’erreur est humaine. Ça va prendre le temps que ça prendra pour vraiment se sentir à l’aise dans sa pratique. Par contre, le barreau aide beaucoup avec le service de mentorat et le service de référence. Il nous réfère des clients de temps à autre et nous aide à nous trouver un mentor dans un domaine de droit donné pour justement avoir cet encadrement qui est très nécessaire surtout lorsque l’on débute sa pratique. Mais il ne faut pas oublier que l’on ne peut compter que sur soi-même.
Jurizone : Dans quels domaines de pratique êtes-vous ?
Me Miray Zahab : Mes domaines de pratique sont le droit familial, civil général, immigration, criminel et pénal. Oui c’est beaucoup mais ce sont tous des domaines qui m’intéressent. J’ai voulu goûter à un peu de tout avant pour que je puisse savoir vers lequel m’aligner et dans lequel je suis le plus à l’aise.
Jurizone : Parlons un peu de droit. Sachant que le droit criminel touche la common law contrairement au droit civil québécois, comment y voyez-vous l’adaptation des juristes dans le traitement des dossiers ?
Me Miray Zahab : C’est certain que primordialement, le droit criminel diffère du droit civil sur plusieurs niveaux. Il y a moins de formalités et de requêtes à produire. Presque tout se fait oralement et c’est un droit qui est très adaptable. Quand au traitement des dossiers, tout dépend du cas en question, ou si notre client est détenu ou non par exemple. Il est certain qu’un dossier criminel requiert beaucoup moins de suivi auprès du client qu’un dossier civil.
Jurizone : Parlez-nous un peu plus de cette différence entre le droit criminel et le droit civil.
Me Miray Zahab : Le droit criminel se passe principalement en Cour, que ce soit pour les comparutions, enquêtes caution ou les pro-formas. Il y a beaucoup de déplacements comme par exemple, si mon client a besoin de signer des documents et qu’il est détenu à St-Jérôme, je dois aller le voir. Aussi, nos clients peuvent se faire arrêter dans n’importe quel district à n’importe quelle heure. Eh oui ça m’est déjà arrivé de me faire réveiller par mon service téléphonique à 2 heures du matin pour une arrestation. Il faut être très disponible pour pouvoir pratiquer en droit criminel. Par contre, en civil, il y a beaucoup plus de formalités. Tout se fait par écrit. Ce droit requiert un suivi plus minutieux surtout à cause de la prescription. Il faut s’assurer que l’on préserve les droits de nos clients adéquatement et que nous avons tous les faits nécessaires.
Jurizone : Que pensez-vous des causes hautement médiatisées en matière criminelle, surtout lorsqu’elles concernent des personnalités publiques ?
Me Miray Zahab : Très franchement je vous dirais que le seul côté positif que j’y vois est le fait que ça nous tient au courant de qui a fait quoi. Contrairement aux croyances populaires, le statut de célébrité nuit plus qu’autre chose à la personnalité publique en question selon moi. Les tribunaux vont souvent en faire un exemple pour ne pas se faire critiquer à cause de la clémence des sentences qu’ils imposent habituellement. Qu’une personne accusée soit une célébrité ou non, c’est une personne avant tout et devrait suivre le courant du système judiciaire comme toute autre personne. Notre système judiciaire criminel est primordialement mis en place pour la réhabilitation de ceux qui y sont condamnés et non pour se servir des célébrités pour les sentences exemplaires.
Jurizone : Croyez-vous que la justice ou la société en générale réserve le même traitement aux personnalités publiques qu’aux particuliers qui sont généralement loin des projecteurs ?
Me Miray Zahab : Honnêtement, je ne peux pas vous répondre avec précision. C’est toujours du cas par cas. Le système judiciaire a le devoir de s’assurer que l’administration de la justice n’est pas compromise, peu importe que ce soit une célébrité ou monsieur et madame tout le monde qui est accusé. Mais malheureusement, le grand public va souvent juger la personnalité publique d’un œil plus sévère et moins compatissant. On a appris à connaître cette personne à travers l’écran, la radio ou peu importe quel moyen médiatique. Souvent, ce qui se produit, est que le grand public se sent trahi par cette personnalité et conséquemment, perd toute objectivité face à la situation.
Jurizone : Nous savons que les juristes ont parfois des passions en parallèle à leur métier. Pour vous, c’est la chanson. Vous avez déjà été finaliste à une émission équivalente à Canadian Idol à l’étranger, vous avez donné des spectacles et vous avez collaboré à la réalisation d’un cd. D’abord, comment vous est venue cette passion ?
Me Miray Zahab : Eh bien eh bien (rire), je suis née dans une famille musicale. Donc, j’ai toujours été entourée de chant, de musique et d’instruments. J’ai commencé à performer à l’âge de 3 ans et je me suis aventurée dans la rédaction et la composition vers l’âge de 16 ans.
Jurizone : Chanteuse ou avocate ?
Me Miray Zahab : Je ne peux pas choisir. J’aime les deux mais c’est certain que chacune me procure un sentiment totalement opposé. J’ai toujours adoré être sur scène. Mes amis appellent ça ma deuxième maison. Par contre, être avocate me permet de travailler avec le public et d’aider le monde et ceci me procure une très grande satisfaction.
Jurizone : On dit souvent que le droit mène à tout. Qu’en pensez-vous ?
Me Miray Zahab : Le droit nous procure des connaissances primordiales que l’on utilise au moins une fois au quotidien pour contracter ou faire respecter ses droits par exemple et ce, sans s’en rendre compte la plupart du temps. Très souvent, on va dire tu n’as pas le droit de faire ci ou de faire ça, un concept qui est gravé dans le subconscient humain et qui se transmet de génération en génération depuis des siècles. Le droit ouvre des portes que l’on ne saurait déverrouiller si nous n’avions pas les connaissances requises pour le faire.
Jurizone : Où pensez-vous que le droit vous mènera ?
Me Miray Zahab : Les possibilités sont infinies.