Faut-il travailler pour un grand cabinet d’avocats?

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Par Xavier Brunet (2005)

Je suis présentement en première année, deuxième session, du baccalauréat en droit à l’université de Sherbrooke. Étant donné que plusieurs membres de ma famille sont juristes, j’avais beaucoup entendu parlé du droit en général. Par contre, je ne savais pas à quoi m’attendre lorsque je suis rentré en septembre dernier. Je ne suis pas déçu. J’adore mes cours bien que certains me paraissent ennuyants.

Récemment, il y avait la journée carrière au centre de développement culturel. Des gros bureaux d’avocats de Québec mais surtout de Montréal viennent nous vendre leurs cabinets durant une journée. Ils nous donnent leurs brochures et des trucs souvenirs allant d’un élégant stylo à un réveille matin. Ayant des amis en deuxième année et troisième année du baccalauréat en droit, je me suis rendu vite compte que la pression mais surtout la compétition était féroce lors de cet événement.

En effet, c’est lors de cette journée carrière que les individus se vendent et essaient de se trouver un stage et peut-être même un emploi d’été pendant la période estivale. Plusieurs rêvent de travailler dans un grand cabinet d’avocat montréalais, que ce soit chez Lavery, de Billy, De GranPré, Chait, Osler, Hoskin et Harcourt ou Fraser Milner Casgrain pour ne nommer que ceux-là. Par contre, il faut se mettre à l’évidence, mis à part les premières classes et quelques exceptions, seulement une minorité infime réussiront. Mais, ce rêve, cet objectif que presque tous les jeunes juristes ont, vaut-il vraiment la peine d’être vécu? En ce sens, perdent-ils leur temps ou ont-ils vraiment des chances? Et si le rêve devenait réalité mais que ce n’était pas tout à fait ce qu’il croyait que cela allait être?

Oui, je rêve de faire un stage dans un gros bureau d’avocats montréalais. Je ne suis pas différend des autres. Je vois que le succès, la renommée et l’argent se retrouvent dans ce milieu. Mais, premièrement il faut se poser la question, est-ce qu’on est vraiment fait pour ce milieu? Ceci est la vraie question, je peux l’admettre. Pour un individu qui aurait le choix d’oeuvrer dans un gros bureau ou partir son propre cabinet, lequel devrait-il opter? Je ne peux qu’émettre des hypothèses car je n’ai jamais été dans aucun des deux milieux. Dans certains cas, j’aimerais bien que mes craintes soient dissipées mais j’attendrai de voir la réalité pour me convaincre du contraire si le destin le veut bien.

Ayant une centaine d’avocats à sa charge, la firme roule sur l’or. L’argent ne manque pas. Le jeune qui rentre dans ce milieu ne peut qu’être satisfait tant au niveau de la renommée, du prestige qu’au niveau monétaire. Le salaire, les avantages sociaux, la clientèle exceptionnelle ne sont que quelques caractéristiques intrinsèques de ce type de milieu. L’avocat junior n’a pas à se préoccuper de la clientèle, il n’a pas à chercher ses clients. Il a à sa disposition une panoplie d’avocats extrêmement compétents dans leur domaine lorsqu’un problème survient. L’horaire du temps est variable. C’est lui-même qui le gère. Il touche à un peu de tout. Par contre, il ne peut refuser du travail de ses supérieurs. Il doit prouver qu’il a sa place dans le cabinet. Mais, le travail vient en conséquence. La pression se fait sentir. Les semaines de 70 heures par semaine ne sont sûrement pas rares. Le nombre d’heures facturables envisagées par les supérieurs doit être atteint au bout de l’année car sinon la porte de sortie est montrée au pauvre type qui s’est défoncé au travail mais que le résultat n’est pas atteint. Très rares seront les personnes qui diront au jeune de se détendre et de prendre un peu de temps pour lui. Les avocats seniors ne diront jamais au junior d’arrêter de travailler. C’est au jeune avocat que reviendra la tâche de déterminer et fixer ses propres limites entre son boulot et sa vie privée. Il devra accepter le fait qu’il est un être humain et qu’il y a juste 24 heures dans une journée. Il devra doser son travail car la dépression et le burn-out sont vite arrivés dans ce milieu aussi mouvementé.

Certes, bien que je croie que le milieu soit dur, certains se sentiront à l’aise et trouveront leur place dans cette roue majestueuse qu’est le métier de grand avocat. Ceux qui ne seraient pas au courant sauront à quoi s’en tenir bien que ce ne sont que des spéculations….Voici mes réflexions sur l’avenir d’un avocat dans un gros cabinet.

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