Centres de réadaptation : Jeunes en protection c. jeunes contrevenants

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Par Marilyn Dalmau et Alyssa El-Hachem (2006)

Ces dernières années, nous avons assisté à l’éclosion de plusieurs scandales concernant la juvénilité, incitant ainsi la société à s’intéresser de plus en plus au sort des enfants les plus vulnérables. Le sort des jeunes en protection et des jeunes contrevenants dans les centres de réadaptation est une problématique sur laquelle nous nous sommes particulièrement penchées.

Suite à l’élaboration de notre recherche, nous sommes restées surprises en apprenant que les centres de réadaptation québécois hébergent autant de jeunes en protection que de jeunes contrevenants. Les jeunes en protection sont placés dans les centres de réadaptation, suite à une décision prise sous la Loi sur la protection de la jeunesse (1). La décision de placer ces jeunes dans des centres est émise pour plusieurs raisons qui les rendent inaptes à demeurer dans leurs familles respectives. Dans le cas des jeunes contrevenants, ils sont jugés selon la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (Lsjpa) (2). Le fait est que tous les jeunes ont fondamentalement le droit d’être protégés par la Loi sur la protection de la jeunesse (Lpj) (3). Il faut cependant comprendre que souvent, faute de budget, tous les jeunes sont mis dans le même panier et que les éducateurs des centres ne feront que très rarement la distinction entre ces deux catégories de mineurs, comme le déclare madame Lucie Lemonde dans son rapport de recherche intitulé Recherche sur les enquêtes en lésion des droits des jeunes en centres de réadaptation (4). Le problème se trouve dans le fait que les deux lois sous lesquelles les jeunes sont placés en centres affichent des différences considérables, parce que l’une a pour objectif de protéger les jeunes (Lpj) (5) en veillant à leur meilleur intérêt, alors que l’autre a pour objectif de punir et de sanctionner les comportements criminels commis par les mineurs (Lsjpa) (6). Donc, les jeunes en protection seront aussi réprimés que les jeunes contrevenants même s’ils n’ont commis aucun acte répréhensible.

On constate alors que la protection des jeunes en centre de réadaptation n’est pas ce qu’elle devrait être. Il est en effet choquant de constater comment sont traités les enfants dans les centres de réadaptation, par exemple lorsqu’ils sont mis en isolation, et quelles restrictions leurs sont imposées (notamment, interdiction de parler avec leurs confrères et consoeurs lors des heures prévues à certaines activités et ce, sous peine de sanctions).

Ces constatations incitent à un questionnement. Pourquoi notre système fait-il en sorte que des jeunes qui se retrouvent dans des centres de réadaptation malgré eux, soit par la faute de parents malveillants ou suite à un abandon, sont punis de la même façon que les jeunes contrevenants? Dans le but d’améliorer les conditions dans lesquelles vivent les enfants les plus démunis du système, la société se doit de mettre sur pied la solution idéale qui viendrait enrayer les injustices dans les centres de réadaptation québécois.

1 Loi sur la protection de la jeunesse, L.R.Q., chapitre P-34.1  2 Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, (2002, ch. 1)  3 Loi sur la protection de la jeunesse, L.R.Q., chapitre P-34.1  4 Lucie Lemonde, Recherche sur les enquêtes en lésion des droits des jeunes en centres de réadaptation, 2005.  5 Loi sur la protection de la jeunesse, L.R.Q., chapitre P-34.1  6 Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, (2002, ch. 1)

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