Entrevue avec Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière, fondateurs de OnRègle.com

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MeDesy&MeLacoursiereL’un a été récompensé comme “Jeune leader de demain” du Jeune Barreau de Montréal et a été embauché par le Barreau du Québec pour étudier le futur du droit. Il est derrière le rapport du Barreau du Québec intitulé “Barreau-mètre – la profession en chiffres”. L’autre avait travaillé au cabinet McCarthy Tétrault avant de passer au TUAC et ensuite au contentieux de Bell Canada. Leurs expériences leur ont permis d’avoir un bagage et une vision d’ensemble sur le droit. Ceux qui décrivent les avocats comme des êtres passionnés voient l’avenir du droit passant principalement par la technologie pour un meilleur accès à la justice. Ils sont les fondateurs de OnRegle.com, une plateforme dont l’objectif et de faciliter le règlement de litiges en ligne. C’est avec plaisir que Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière ont accordé une entrevue au portail Jurizone en décrivant la vision de leur plateforme et celle de l’avenir du droit. 

Jurizone: Vous êtes les fondateurs de OnRègle.com. Pouvez-vous nous parler davantage du site ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: Nous avons créé OnRègle.com car nous avons constaté 2 choses : 1) 88,3 % des gens n’ont pas accès à la justice car c’est trop long, trop cher et trop complexe. 2) la technologie partout dans le monde permet un accès nouveau à la justice. Notamment, elle permet, en moyenne, de couper les frais en 10. C’est une belle opportunité d’affaire mais surtout une opportunité d’aider beaucoup de gens.

Jurizone: Votre plateforme se concentre principalement sur le règlement de conflits en ligne. Comment fonctionne le processus pour une personne intéressée à utiliser la plateforme ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: De façon générale, nos clients font d’abord une mise en demeure en ligne et ensuite font des offres et contre-offres pour régler leurs litiges sur la plateforme. Dans le futur, nous espérons pouvoir offrir plus de services pour offrir plus d’options aux clients, peu importe l’endroit où ils sont rendus dans le processus.

Jurizone: À quel moment du processus et jusqu’à quelle étape une personne peut-elle l’utiliser ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: Nous offrons une alternative aux gens pour qu’ils prennent en charge une partie du travail. De plus, nous nous faisons référer des dossiers par des avocats quand ils considèrent tout simplement que ça ne vaudrait pas la peine qu’ils fassent payer leurs clients pour des petits litiges ou encore quand le client peut faire une partie du travail lui-même. Il est toujours plus économique de procéder avec OnRègle lorsque l’on a à faire une mise en demeure ou encore pour négocier un montant d’argent.

Nous avons fait de grands efforts de vulgarisation et de démocratisation du processus. D’ailleurs, nous avons créé une plateforme d’information juridique pour donner des conseils pratiques à nos clients, soit Vos-Droits.

Jurizone: Quels sont les frais du processus ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: La mise en demeure est 50$, la négociation en ligne est gratuite, l’entente de règlement est 2,5% du montant réglé et la demande en justice (en développement) 100$.

Jurizone: Quelles économies pourrait faire une personne qui utilise la plateforme comparativement au processus normal ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: Le pari de OnRègle.com est de couper les coûts habituels en 10. Jusqu’à présent, nous sommes fiers d’atteindre cet objectif.

Jurizone: À quel point le processus est-il fiable ?

Me Alexandre Désy et Me Philippe Lacoursière: Nous utilisons les meilleures pratiques au niveau technologique. Notre service est un service standard et ce qu’ils appellent du « do-it-yourself ». Ainsi, la qualité de la négociation et du produit final dépend en partie de la personne qui utilise le service. Avec le DATA que nous avons, nous optimisons toujours le produit pour minimiser les erreurs que peuvent faire nos clients.

Jurizone: Pensez-vous que de plus en plus de personnes auront recours à des méthodes alternatives de résolutions des conflits dans un avenir rapproché ?

Me Alexandre Désy: Nous estimons que le marché pour les procédures en ligne est de plus de 500 millions de dollars. Nous espérons doubler notre clientèle à tous les 6 mois pour éventuellement générer des dizaines de milliers de procédures par mois au Canada.

Jurizone: Me Désy, vous avez d’ailleurs été embauché par le Barreau du Québec où votre rôle était principalement l’étude du futur du droit et la surveillance des tendances affectant le marché juridique. Qu’avez-vous surtout constaté à ce niveau ?

Me Alexandre Désy: Le futur de la profession se résume à deux concepts : 1) la clientélisation et 2) l’industrialisation. C’est-à-dire que premièrement, les modèles d’affaires vont migrer pour se concentrer davantage sur les besoins des clients et s’éloigner du modèle actuel où l’avocat dicte au client dont il a besoin. Deuxièmement, l’avocat travaille encore comme un artisan. Ceci va changer avec les nouvelles technologies. Pour être compétitif et faire baisser les prix, une grande partie du travail ne sera plus du « sur mesure » mais plutôt du standard automatisé. Nous passons du « service » au « produit ». Se faisant, il ne sera plus logique de charger les « produits » à l’heure. L’avocat du futur sera souvent un gestionnaire de technologie et de solutions d’affaires.

Jurizone: Pensez-vous que le domaine juridique est en retard en matière d’innovation par rapport à d’autres domaines ?

Me Alexandre Désy: OUI, nous n’avons même pas encore traduit le terme « legal tech » en français. Les tribunaux dans d’autres pays sont informatisés depuis plusieurs années. Le marché des services automatisés à bas prix existe depuis longtemps en Angleterre, par exemple. De plus, les autres professions investissent énormément dans la recherche et dans les nouvelles technologies. Cependant, je dirais que le changement est en train de s’opérer. Je vois beaucoup d’intérêt de la part des avocats de se moderniser. Ils commencent à sentir l’urgence, je crois.

Jurizone: Que pensez-vous de l’accès à la justice ?

Me Alexandre Désy: La technologie a le potentiel de donner de la justice à plus de 50% de la population. Si nous faisions encore les voitures sur mesure, presque personne ne pourrait se payer une voiture. Avec la chaine de montage, nous avons démocratisé l’achat d’automobiles. Ça sera la même chose pour la justice, en automatisant, nous avons le potentiel d’améliorer l’accès à la justice.

Jurizone: Me Désy, vous êtes également le principal auteur du rapport du Barreau du Québec intitulé Barreau-mètre – la profession en chiffres. Pouvez-vous nous en parler davantage ?

Me Alexandre Désy: Le début du changement et de l’adaptation aux besoins des clients passe par le DATA. Il est nécessaire d’avoir des données sur les besoins de la clientèle pour la mettre au centre des nouveaux développements. Je salue le Barreau pour cette initiative auquel j’ai participé et j’espère qu’il va continuer de nourrir son membership avec l’information dont il a besoin pour mettre le client au centre des préoccupations.

Jurizone: En plus d’être président de OnRègle.com, vous êtes aussi président de l’organisme Cancer testiculaire Canada. Qu’est-ce qui vous a sensibilisé à vous impliquer à cet effet ?

Me Alexandre Désy: J’ai moi-même eu ce cancer il y a 7 ans. Rien n’existait pour bien informer et supporter les hommes atteints. De plus, c’était tabou de parler de la maladie. Nous sommes en 2017, c’était un non-sens pour moi. J’ai également 2 amis qui ont eu le même cancer. Il fut évident pour nous que nous devions faire quelque chose. Nous avons gagné des prix partout dans le monde, notamment pour nos publicités humoristiques. Je suis très fier du travail de l’équipe et je dois dire que j’ai beaucoup de plaisir à m’investir dans ce projet.

Jurizone: En 2016, vous avez été récompensé à titre de récipiendaire du prix « Leader de demain » du jeune Barreau de Montréal. Comment voyez-vous le leadership de demain au niveau des avocats et avocates ?

Me Alexandre Désy: Les jeunes avocats n’ont pas de job et les nouvelles technologies représentent une opportunité d’affaire énorme. À travers mon travail, j’espère pouvoir réveiller nos institutions pour qu’ils préparent nos jeunes avocats à ce qui s’en vient et qu’ils leur donnent les bons outils pour saisir ces opportunités.

Jurizone: Me Lacoursière, vous avez pratiqué en droit du travail à Montréal au sein du cabinet McCarthy Tétrault, pour ensuite passer aux Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) et ensuite au contentieux de Bell Canada. Comment voyez-vous la différence entre ces trois milieux au niveau de la pratique du droit ?

Me Philippe Lacoursière: C’est vrai que j’ai fait le tour pas mal! C’était plutôt une question de volume de dossier et de mon expérience. En tant que jeune avocat chez McCarthy Tétrault, j’ai développé une méthode de travail en observant mes collègues qui avaient beaucoup plus d’expérience que moi alors j’avais moins de dossiers. Cependant, certains de ces dossiers avaient des questions très précises en droit nécessitant beaucoup de recherche. Lorsque je suis arrivé chez les TUAC, j’ai rapidement eu un grand volume de dossiers. Ceci m’a permis de plaider régulièrement et développer ces habiletés. Finalement, chez Bell, c’était un mélange des deux précédents. Chaque endroit fut fort agréable et j’ai beaucoup appris de mes collègues.

Jurizone: Quelles sont les similitudes ?

Me Philippe Lacoursière: Les avocats sont passionnés, peu importe la taille du dossier ou du client qu’ils représentent. Avec le nombre d’heures consacrées au travail, c’est plutôt une vocation. Les clients veulent seulement en arriver à des solutions. C’est notre travail de faciliter ça.

Jurizone: Quelles sont les compétences que vous avez pu développer à travers cette expérience qui vous a permis de voir différents milieux dans lesquels vous avez mis en application le droit d’une façon ou d’une autre ?

Me Philippe Lacoursière: J’ai été très chanceux de travailler à titre d’avocat dans ces trois endroits. Succinctement, je crois que j’ai appris ce qu’est la rigueur, être à l’écoute des gens et avoir une bonne méthode de travail. J’ai également fait beaucoup de négociation, alors je suis davantage outillé pour optimiser le processus de négociation en ligne sur le site OnRègle.com.

Jurizone: Que pensez-vous du rôle de la technologie dans l’accès à la justice ?

Me Philippe Lacoursière: Je pense que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y ait un grand virage technologique au Canada. Ce changement profitera nécessairement aux gens qui n’ont pas accès à la justice, soit la majorité des Canadiens. En automatisant les processus, les prix vont baisser et la justice deviendra plus accessible. Le commun des mortels fera davantage confiance au système et y portera un plus grand intérêt. Je crois également que les jeunes avocats d’aujourd’hui n’auront d’autres choix que de se spécialiser davantage. Bref, le droit est une vieille profession mais elle va très bientôt vivre sa révolution industrielle!

Vous pouvez visiter la plateforme et profiter de ses services en cliquant ici.

(c) Jurizone, 2017

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