Entrevue avec Me Alex Georgescu, avocat en droit de la famille et co-fondateur de la Revue de Droit de l’Université du Québec à Montréal.

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Il parle plus de cinq langues. Il a complété des études en techniques juridiques avant de poursuivre des études universitaires en droit. Il a été président du comité exécutif de la division des étudiants de l’Association du Barreau Canadien, division Québec et co-fondateur  de la Revue de Droit de l’Université du Québec à Montréal. Il se voyait faire carrière dans une tour à bureaux avec vue sur le Mont-Royal ou le Saint-Laurent, mais le destin l’a mené sur un chemin qui fait de lui aujourd’hui un avocat en droit familial avec des compétences très développées. Il considère d’ailleurs ce choix comme l’un des plus intéressants de sa carrière. C’est en droit familial qu’il a trouvé sa passion et c’est là qu’il développe à fond ses compétences. Même si les émotions sont très présents dans cette branche du droit, il apprécie le type de relation avocat-client qui s’y trouve. C’est avec plaisir qu’il accorde cette entrevue à Jurizone.

 

Jurizone : Maître Georgescu, parlez-nous d’abord un peu de vos champs de pratique.

Me Alex Georgescu : Lorsque j’ai débuté ma carrière au sein d’un bureau très connu pour la qualité de ses services en droit matrimonial, en plein centre-ville de Montréal, je pratiquais uniquement en droit matrimonial et je touchais un peu le droit civil. Depuis que j’habite et travaille dans les Laurentides, soit depuis le 1er janvier 2010, je vous dirais que ma pratique est composée de dossiers matrimoniaux à environ 70%, litiges civils et successions à plus ou moins 20% et un peu de tout pour la différence de 10% (droit administratif, commercial, pénal, immigration, etc.).

Malgré le fait que j’ai toujours été « un gars de la ville » et que dans le passé je me voyais travailler dans une tour à bureaux avec vue soit sur le Mont-Royal ou le Saint-Laurent, je crois sincèrement que j’ai fait un des meilleurs choix de ma carrière, dès le début de celle-ci en plus.

Jurizone : Quelle branche préférez-vous le plus parmi ceux-là ?

Me Alex Georgescu : Le droit familial est sans doute le domaine dans lequel je me sens très à l’aise, et c’est la raison d’ailleurs qui m’a poussé à prendre quelques cours complémentaires en psychologie, notamment en psychologie de l’enfant et de l’adolescent. En termes de projets futurs, j’envisage également la possibilité d’obtenir l’accréditation en médiation familiale.

Jurizone : Pourquoi le droit familial ?

Me Alex Georgescu : En quelques mots biens résumés, je crois que c’est le seul domaine du droit qui nous permet, en tant que professionnels le jour (et parfois tard en soirée aussi!) et conjoint (e), père (mère) d’un ou plusieurs enfants le soir et en fin de semaine, de se nourrir avec les vécus des autres, éventuellement suivre les mêmes personnes  pendant plusieurs années de leur vie et les soutenir dans des événements majeurs (mariage, séparation, divorce, garde d’enfants, pension alimentaire, changements majeurs, etc.). Je crois que la relation avocat-client en droit familial est tout à fait différente de la relation avocat-client dans un dossier en droit commercial ou dans un litige civil. Nous sommes bien plus que de simples conseillers juridiques, puisque bien souvent, avec des événements qui impliquent des émotions aussi fortes chez les clients, vient une confiance et un sentiment de sécurité accrue de leur part à notre endroit.

Jurizone : Avant de devenir avocat, vous avez développé certaines compétences en techniques juridiques et vous avez travaillé un certain temps dans le domaine. Quelle différence ou similitudes y voyez-vous dans la pratique du droit entre un avocat et un technicien juridique ?

Me Alex Georgescu : Dans mon cas, il y a certainement des différences entre travailler comme technicien juridique et la profession d’avocat. Rencontrer des clients, plaider en Cour, pour ne nommer que celles-ci. Mais, les similitudes m’ont permis d’avancer plus rapidement dans ma carrière et effectivement me sentir confortable en tant que plaideur et sur le plan de la gestion. Je m’explique: Il existe principalement deux façons de fonctionner au niveau de la gestion des dossiers d’un cabinet d’avocats. La plupart (je crois) délèguent certaines tâches à leurs adjointes et à des techniciens juridiques, comme la rédaction des procédures préalablement enregistrées sur dictaphone, la rédaction et l’envoi de la correspondance, la recherche en droit, etc. Je ne fais pas partie de ceux-là et c’est je crois en raison de mes études en techniques juridiques. Je me sens plus en confiance et en contrôle de mes dossiers lorsque je fais moi-même les recherches, rédige les procédures, discute avec le client, etc. Si dans le futur, le volume de travail nécessitera telle délégation, je le ferai sans doute, mais pour l’instant c’est ma façon de fonctionner qui donne des résultats très satisfaisants.

Jurizone : Au cours de votre carrière, vous avez également travaillé au sein du Tribunal administratif du Québec et du Registre foncier du Québec, en quoi consistaient vos tâches ?

Me Alex Georgescu : Mon emploi de très courte durée au TAQ m’a permis de me familiariser avec la composition physique d’un dossier de cour, puisque j’étais responsable de l’épuration des dossiers et de la conservation de la preuve pendant cet emploi à temps partiel, tandis que mon passage au Registre Foncier a été la mise en application de notions apprises sur les bancs d’école relativement aux actes de vente, hypothèques, radiations, quittances, bref tous les actes qui font l’objet d’enregistrements dans le Registre.

Jurizone : Comment était l’ambiance de travail dans ce genre de milieu ?

Me Alex Georgescu : Sans vouloir offenser personne qui pourrait lire ces lignes et être à l’emploi de l’un ou de l’autre organisme et en mentionnant qu’il s’agit purement de mon opinion personnelle, je suis d’avis que de nombreuses améliorations sont à faire (si ce n’est déjà fait) en termes d’efficacité du système public et de la qualité des services offerts aux citoyens. Cela étant dit, l’ambiance de travail était très bonne et j’ai eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires avec lesquels je communique encore aujourd’hui.

Jurizone : Quelle différence pouvez-vous décrire entre le milieu public et le domaine privé ?

Me Alex Georgescu : Je ne crois pas être en mesure de pouvoir les comparer aujourd’hui, puisque mes passages dans le public ont été trop brefs pour pouvoir répondre objectivement. Je peux vous dire cependant que le temps passe beaucoup plus vite au privé!

Jurizone : Lors de vos études, vous avez été président du comité exécutif de la division des étudiants de l’Association du Barreau Canadien, division Québec, parlez-nous un peu de cette expérience.

Me Alex Georgescu : L’Association du Barreau Canadien, division Québec, est une excellente opportunité de réseautage pour les futurs avocats, puisque les membres de l’exécutif préparent un agenda annuel rempli d’événements, ouverts à tous les juristes la plupart du temps. De plus, ces activités sont très abordables, contrairement aux activités organisées par le Barreau ou d’autres organismes privés.

La présidence de ce comité exécutif m’a permis de développer un sens de leadership, une plus grande responsabilité et une gestion du temps efficace. C’est peut-être cliché, mais je dois absolument mentionner le fait que c’est grâce au travail exceptionnel des autres membres de l’exécutif également que nous avons pu mener à terme toutes les activités très intéressantes, dont la visite de l’Honorable Juge Michel Bastarache à Montréal, alors qu’il était juge à la Cour Suprême.

Jurizone : Vous avez aussi été co-fondateur et membre du conseil exécutif de la Revue de Droit de l’Université du Québec à Montréal, d’où est venue l’idée de lancer la Revue de Droit de l’UQÀM ?

Me Alex Georgescu : Lors de mes études en droit à l’UQAM, on entendait souvent les plaintes des étudiants reliées au fait que l’UQAM était la seule (ou parmi les seules) universités au Québec et même au Canada qui n’avait jamais eu de revue de droit, et c’était dommage puisque bon nombre de professeurs de la Faculté de droit participaient activement à des conférences au niveau international et de nombreux articles étaient publiés dans des revues spécialisées. C’est ainsi que trois étudiants et moi-même avons décidé de nous rencontrer quelques fois par mois et mettre sur papier le projet de la revue avant de faire la demande de subvention à l’UQAM, qui a été acceptée. Le premier volume de la Revue avait plus d’un pouce et demi d’épaisseur!

Jurizone : Nous avons appris que vous parlez plus de cinq langues : le français, l’anglais, le roumain, l’espagnol et l’italien. Cela vous aide-t-il dans votre pratique ?

Me Alex Georgescu : Même ici en région, sans doute en raison de la proximité avec la province de l’Ontario, les clients du bureau sont à moitié francophones, moitié anglophones. J’ai également quelques clients roumains, mais on doit sûrement attendre encore quelques années avant de voir une population majoritairement immigrante, comme c’est le cas à Montréal et à Laval dans la plupart des quartiers.

Jurizone : Selon vous, quelle est l’importance de parler plusieurs langues de nos jours ?

Me Alex Georgescu : Malgré le choix exprimé par les Québécois aux dernières élections provinciales, je crois qu’il est très important du point de vue économique et culturel de ne pas rompre tout lien avec l’étranger, notamment les autres provinces canadiennes et les États-Unis. Ce n’est peut-être pas tellement évident, mais bon nombre de petites entreprises québécoises dépendent du lien commercial avec les États-Unis en région. À cet effet, il devient donc de plus en plus important de parler au moins les deux langues officielles du Canada.

(c) Tous droits réservés, Jurizone 2013.

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