Elle s’est jointe à l’équipe d’avocats de la firme Langlois après avoir travaillé en cabinet ministériel. Elle nous parle du lien entre le droit et la politique tout comme de l’expérience que la politique lui a permis d’acquérir. D’ailleurs, elle explique l’impact de la politique où l’on y apprend à vivre un jour à la fois, à accepter les imprévus et même à y prendre goût. Elle explique son implication sociale par sa façon de redonner à la communauté. Elle est également membre de la Young Chinese & Asian Professional Association, une association qui aide dans le développement de liens économiques avec le marché asiatique et qu est consultée par de plus en plus d’entrepreneurs d’ici souhaitant mieux connaître ce marché. C’est avec plaisir que Me Émilie Audy accorde cette entrevue au portail Jurizone.
Jurizone: Me Audy, vous avez rejoint l’équipe des avocats de la firme Langlois. Comment trouvez-vous l’expérience ?
Me Émilie Audy : Langlois correspond exactement au milieu dans lequel je veux évoluer : un grand cabinet qui offre une gamme complète de services juridiques pour sa clientèle, tout en maintenant un environnement de travail agréable et stimulant pour ses employés. Tous les cabinets juridiques véhiculeront le message selon lequel ils sont « humains », mais chez Langlois, c’est une réalité. De plus, j’effectue des mandats d’envergure dans une ambiance de travail unique.
Jurizone: Avant de vous joindre à Langlois, vous avez été conseillère politique pour différents ministres. Parlez-nous en un peu.
Me Émilie Audy : Après mon assermentation au printemps 2014, j’ai eu l’opportunité de travailler en cabinet ministériel, alors je l’ai saisie, même si cela impliquait que je déménage à Québec. Travailler pour un ministre était une occasion à saisir.
Jurizone: Quels rôles aviez-vous à jouer ?
Me Émilie Audy : Le conseiller politique a des dossiers qui lui sont assignés. Au cabinet du ministre délégué aux Transports et à l’Implantation de la Stratégie maritime, nous avions le mandat d’implanter la Stratégie maritime et mes dossiers concernaient notamment les volets de l’environnement et l’éducation. Au cabinet du ministre des Transports, je m’occupais, entre autres, du Plan Nord, des autochtones et des véhicules hors route.
Jurizone: Quelles qualités ou compétences pensez-vous que votre travail en politique vous a permis d’acquérir et qu’il n’aurait pas été possible autrement ?
Me Émilie Audy : Étant la première avocate de ma famille, j’étais surtout impressionnée par la profession. En fait, j’étais impressionnée par tout : les ministres, les avocats, les juges, les professeurs de droit, etc. Alors, travailler pour des ministres m’a fait réaliser que chaque personne est humaine, avec ses qualités, ses défauts et ses défis. D’autre part, j’ai appris à ne plus me laisser affecter par certaines choses.
Jurizone: Comment jugez-vous qu’il est possible d’intéresser davantage les jeunes envers la politique ?
Me Émilie Audy : Pour intéresser les jeunes à la politique, il faut d’abord les écouter et les prendre au sérieux. D’ailleurs, plusieurs jeunes de mon entourage ont déjà un cursus très impressionnant et sont impliqués depuis maintes années déjà. Je pense notamment à des gens comme Cindy Ho, Claudia Di Iorio, Joël Lightbound, Julien Nepveu-Villeneuve, Madwa-nika Cadet ou Marc-André Ross.
Néanmoins, des initiatives comme celle du député de Sainte-Rose avec son Projet de loi n° 693 favorisant la présence de jeunes au sein des conseils d’administration des Sociétés d’État constituent certainement une bonne façon d’intéresser les jeunes à la politique et aux débats publiques.
Jurizone: Envisagez-vous une carrière politique à long terme à titre d’élue ?
Me Émilie Audy : Mon objectif premier est de m’accomplir sur le plan juridique. Je suis d’avis que je peux apporter beaucoup à ma société en étant au privé, tout en demeurant impliquée dans des projets et des organisations à l’extérieur du travail.
Jurizone: Comment voyez-vous le lien entre la politique et le droit ?
Me Émilie Audy : Sur le plan du travail concret, la politique et le droit se ressemblent. Dans les deux cas, nous avons des dossiers qui nous sont assignés et nous nous assurons que les meilleures décisions sont prises. Il faut être organisé, être capable de bien communiquer l’information et avoir une bonne capacité d’écoute. Sur le plan relationnel, les deux sont similaires aussi: faire preuve de diplomatie est toujours une bonne idée. En fait, il y a de la politique dans tous les milieux de travail.
Jurizone: Travailler dans un cabinet politique ou dans une firme d’avocats exige de travailler souvent sous pression. Quels conseils donneriez-vous à ce niveau, même à des personnes qui sont en dehors de ces domaines ?
Me Émilie Audy : Pour bien gérer la pression, je suis d’avis qu’il faut accepter que les choses puissent changer très rapidement et s’adapter à chacune des situations. Pour ce faire, le meilleur conseil est d’être organisé, connaître ses dossiers, contrôler ce que l’on peut et s’ajuster pour le reste. Le travail sous pression peut devenir stimulant et peut encourager la créativité.
Jurizone: Vous avez complété une maîtrise en droit des affaires dont la thèse portait sur “L’impact du code polaire sur les pouvoirs des États circumpolaires de régir la navigation dans l’Arctique”. Pouvez-vous nous décrire un peu plus en détail ce qu’il en est ?
Me Émilie Audy : C’est en travaillant pour le ministre délégué aux Transports et à la Stratégie maritime que j’ai découvert le milieu maritime et son potentiel tant au Québec qu’au Canada. J’ai alors voulu entreprendre une maîtrise dans le domaine.
Comme vous le savez peut-être, le 1 er janvier 2017 est entré en vigueur le Recueil international de règles applicables aux navires exploités dans les eaux polaires (« Code polaire »), lequel vise à assurer que tous les navires exploités dans les eaux polaires satisferont à des normes internationalement reconnues en matière de sécurité des navires et de prévention de la pollution. Par ailleurs, les États circumpolaires, tels que le Canada, peuvent adopter unilatéralement des mesures législatives pour encadrer la navigation dans ses eaux arctiques, et ce, en vertu de l’article 234 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Mon essai porte alors sur la question à savoir si ces États pourront continuer à adopter de telles mesures après l’entrée en vigueur du Code polaire. En d’autres termes, celui-ci a-t-il préséance sur toutes les conventions et règles déjà existantes ou cohabitera-t-il avec elles? L’uniformité des règles internationales régissant le transport maritime demeure importante pour les entreprises faisant de l’exportation et de l’importation. Il s’agit d’une question d’économie de temps et d’argent.
Jurizone: Lors de vos études en droit, vous avez été cofondatrice du Comité du droit de la santé et des sciences biologiques. Pourquoi spécifiquement ce domaine du droit ?
Me Émilie Audy : J’ai effectué des études collégiales en sciences de la nature et ai débuté l’université en biochimie. Dès ma première session en droit à l’Université de Montréal, j’ai constaté que la faculté offrait peu de cours orientés vers les sciences. Pour approfondir mes connaissances et partager mon intérêt, j’ai alors décidé de cofonder le Comité du droit de la santé et des sciences biologiques.
Jurizone: Vous avez été très impliquée et vous l’êtes toujours d’ailleurs. Pourquoi jugez-vous important de le faire ?
Me Émilie Audy : Mon implication est ma façon de redonner à la communauté. Qui plus est, lorsqu’on s’implique dans une cause ou une organisation, on se fixe des objectifs collectivement et il est alors gratifiant de voir concrètement le fruit de nos efforts.
Jurizone: Notamment, vous êtes membre du Young Chinese and Asian Professional Association, comment voyez-vous l’avenir du Québec et du Canada par rapport au marché chinois et vice-versa ?
Me Émilie Audy : Le marché asiatique occupant une place importante dans l’économie mondiale, il est nécessaire que le Québec et le Canada tissent des liens solides avec des pays comme la Chine. Les jeunes professionnels asiatiques, dont les membres du YCPA, sont bien placés pour contribuer au développement de ces liens.
Jurizone: Comment les avocats peuvent-ils être actifs dans les liens économiques à ce niveau ?
Me Émilie Audy : Depuis les dernières années, les entreprises montréalaises voient de plus en plus l’importance d’inclure et de consulter le YCPA dans leurs décisions d’affaires concernant l’Asie. D’ailleurs, on retrouve davantage de comités spécifiques dédiés au marché asiatique.
Jurizone: Vous êtes maintenant à l’emploi d’une firme privée après avoir travaillé dans le domaine public. Comment voyez-vous la différence ou les similitudes ?
Me Émilie Audy : Le travail en cabinet juridique et ministériel est similaire à plusieurs égards. Dans les deux cas, nous cherchons à trouver la meilleure solution pour une situation particulière. Les défis sont stimulants et permettent de repousser nos limites. La différence se situe davantage au niveau relationnel avec les clients.
Jurizone: Quel bagage additionnel pensez-vous que votre expérience politique vous donne maintenant en tant qu’avocate pratiquant dans une firme privée ?
Me Émilie Audy : Mon expérience politique m’a certainement appris à vivre un jour à la fois, à accepter les imprévus et même à y prendre goût.
Jurizone: Y a-t- il d’autres précisions ou sujets sur lesquels vous souhaitez attirer l’attention?
Me Émilie Audy : En politique comme dans le privé, je suis heureuse de voir qu’une plus grande place est faite aux jeunes, aux différentes cultures et aux femmes. Après tout, c’est par la diversité d’opinions et d’expériences que proviennent les meilleures idées.
(c) Jurizone, 2017