Il est avocat en droit de l’immigration avec des bureaux à Montréal et à Séoul. Il est également administrateur de l’Association québécoise des avocats et des avocates en droit de l’immigration, responsable des outils technologiques de l’association et de ses relations avec le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec. Dans cette entrevue qu’il accorde à Jurizone, Me Ho Sung Kim nous parle des tendances et des défis dans le domaine au niveau national et international, de l’avenir de cette branche du droit et donne de précieux conseils aux citoyens et aux avocats concernés ou intéressés par le droit de l’immigration.
Jurizone: Me Kim, en tant qu’avocat en droit de l’immigration, quelles constatations faites-vous au niveau des tendances récentes en immigration ?
Me Ho Sung Kim : La tendance mondiale de l’immigration est de prioriser les étrangers qui se trouvent déjà dans le pays avec un permis valide, soit un permis de travail, soit un permis d’études. Comme ces étrangers se sont déjà, en quelque sorte, établis dans le pays, il semble logique de donner des priorités à ces gens l’opportunité d’obtenir un statut permanent.
Dans l’immigration économique, que ce soit fédéral ou provincial, le programme de travailleur qualifié représente le plus grand nombre des candidats. Les gouvernements ont commencé à mettre des emphases sur certains critères plus spécifiques. En ce moment, le critère le plus important, c’est la compétence linguistique, en anglais ou en français. Le deuxième critère plus important serait les qualifications professionnelles, soit l’éducation ou les expériences de travail.
Dernièrement, les programmes des gens d’affaires, soit l’investisseur et l’entrepreneur, connaissent des ralentissements majeurs, surtout au niveau fédéral. En fait, ces programmes sont abrogés depuis quelques années et il n’y a pas de nouveau programme remplaçant. Chaque province a des programmes d’entrepreneur, et le Québec est le seul à offrir le programme d’investisseur pour le moment.
Jurizone: À travers vos observations, quels conseils donneriez-vous à des gens souhaitant immiger au Canada ?
Me Ho Sung Kim : Le plus important, c’est d’apprendre l’une des langues officielles du Canada, soit l’anglais ou le français, dépendamment de la première place d’établissement au Canada.
Le deuxième, c’est de connaître des exigences de qualification professionnelle dans le domaine du travail intéressé par chacun. Même si on vient d’un pays anglophone ou francophone, la transition au marché du travail ne se fait pas automatiquement. Ainsi, il est très important d’avoir un plan d’établissement le plus spécifique possible. C’est sûr que le plan puisse changer, et il est fort probable que ça va changer. Mais, je suis fortement d’avis que cette préparation fera une différence importante pendant le premier établissement au Canada.
Jurizone: Quels conseils donneriez-vous à des gens qui sont au Canada, mais pas encore citoyens ?
Me Ho Sung Kim : Il faut toujours suivre de près des changements règlementaires et de lois, afin de savoir les conditions d’admissibilité. Et, il est primordial de consulter des juristes experts en droit de l’immigration afin de bien comprendre non seulement ces changements, mais aussi sa propre situation. Je suis fortement d’avis que les avocats experts en droit de l’immigration sont les mieux équipés pour donner des conseils afin de bien planifier le passage à la résidence permanente ou la citoyenneté canadienne.
Jurizone: Vous avez un bureau à Montréal, mais vous avez également lancé la firme Y&K Immigration Consulting co. à Séoul, en Corée du Sud. En quoi consiste cette firme?
Me Ho Sung Kim : C’est une entreprise qui fournit des services de conseils d’émigration vers le Canada. En fait, on pourrait dire qu’il s’agit de mon bureau filial en Corée du Sud.
Jurizone: D’où vous est venue l’idée de partir cette firme ?
Me Ho Sung Kim : Comme la plupart de mes clients sont des coréens, il est très important pour moi de faire le marketing en Corée du Sud. Mais, le marketing via l’internet a des limites, et les clients veulent souvent nous rencontrer en personne. Aussi, le service d’émigration en Corée du Sud est règlementé, donc, je devais créer une entreprise avec une licence validée par le gouvernement coréen, et ce, même pour le marketing dans des sites internet coréens.
Jurizone: Selon votre expérience, qu’est-ce qui motives les gens de la Corée du Sud ou d’ailleurs du continent asiatique à choisir le Canada ?
Me Ho Sung Kim : Pour les candidats avec des enfants, la première raison est toujours le bien-être de ces enfants, surtout le système d’éducation. En Corée du Sud, la compétition aux écoles est très intense, et les enfants font des cours privés jusqu’à 21h-22h, même au niveau primaire. Pour les candidats célibataires et jeunes, la première raison semble être le travail. En ce moment, la Corée du Sud connaît un taux de chômage très haut, et les jeunes diplômés ont beaucoup de difficulté à trouver un emploi. Ainsi, ces jeunes veulent explorer leur chance dans des pays comme le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
Jurizone: Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer au niveau international ?
Me Ho Sung Kim : Dans le domaine de l’immigration, il faut d’abord respecter les lois canadiennes. Ce sont seulement les avocats, les notaires du Québec et les consultants licenciés qui peuvent représenter les clients avec rémunération. Mais, si on pense à lancer des affaires à l’étranger, il faut absolument comprendre les lois étrangères, car il est souvent règlementé à l’étranger d’ouvrir un bureau de services d’émigration.
Jurizone: Comment voyez-vous l’avenir du domaine de l’immigration ?
Me Ho Sung Kim : Les gouvernements cherchent toujours une façon d’exclure les avocats dans le processus des demandes en immigration, en disant qu’il n’y a pas de préférence donnée aux candidats représentés par les avocats. Et, avec le nouveau système de l’Entrée Expresse, ils prétendent que le processus est devenu plus simple. Cependant, le processus des demandes d’immigration est un processus très important pour le candidat et sa famille. Il s’agit d’un processus qui aura des impacts énormes dans la vie de ces gens. Ainsi, je suis d’avis que les besoins des services professionnels des avocats vont demeurer.
Jurizone: La loi et les programmes au niveau de l’immigration et de la citoyenneté ont changé il y a quelques années et ils changent à nouveau. Pourriez-vous expliquer ces changements et leur impact sur les gens souhaitant immigrer au Canada ?
Me Ho Sung Kim : En fait, les lois et les règlements dans ce domaine changement constamment. Et, il y a des changements au niveau fédéral et au niveau provincial. Au niveau fédéral, il y avait un changement important en 2015, soit le lancement d’un nouveau système, Entrée Expresse. L’impact de ce changement était énorme chez les candidats. Avant le changement, c’était le concept de premier arrivé, premier servi. Mais, avec Entrée Expresse, ce n’est plus le cas. C’est le gouvernement qui choisit les candidats, et seuls les candidats invités par le gouvernement peuvent déposer une demande d’immigration. Au niveau provincial, au Québec, il y avait des changements importants en mars 2017 dans le programme de travailleur qualifié. Il s’agissait des modifications de la grille de sélection (le programme de travailleur qualifié fonctionne en système de pointage), et ces changements ont aussi un impact énorme chez les candidats, car ces changements s’appliquent même auxn demandes déjà déposées avant la date de ces changements.
Jurizone: Qu’en est-il de l’impact de la loi actuelle et de ce qui pourrait s’en venir sur ceux qui sont déjà au Canada ?
Me Ho Sung Kim : Comme mentionné auparavant, les lois et les règlements sont susceptibles de changement à tout temps. Ainsi, les gens qui sont déjà au Canada doivent toujours être alertes à ces changements, car les changements ont des impacts directs sur leur admissibilité dans des divers programmes de l’immigration.
Jurizone: Dans une ère de mondialisation, de quelle façon constatez-vous que la pratique du droit est influencée au niveau international ?
Me Ho Sung Kim : Dans le domaine de l’immigration, les avocats doivent souvent faire de la compétition avec des non-juristes, soit les consultants en immigration ou les hommes d’affaires à l’étranger qui gèrent des compagnie d’émigration. Ces compétiteurs n’ont pas souvent les mêmes règles en éthique que les avocats. Il est très important pour les avocats de respecter les éthiques du travail des avocats et notre code de déontologie.
Jurizone: Sur un autre plan, vous êtes impliqué au sein de l’Association québécoise des avocats et des avocates en droit de l’immigration. Que faites-vous exactement au sein de l’association ?
Me Ho Sung Kim : Je suis administrateur de l’AQAADI, et je m’en occupe du site web (www.aqaadi.com), de la page Facebook et de notre relation avec le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Il y a des rencontres trimestrielles avec le MIDI, et j’y participe souvent afin de discuter des divers sujets en immigration et de poser des questions de nos membres.
Jurizone: Quels sont les services qu’offre cette association au public ?
Me Ho Sung Kim : L’AQAADI intervient souvent auprès des gouvernements, fédéral et québécois, pour divers sujets d’actualité dans le domaine de l’immigration, c’est à dire sur les changements règlementaires, l’actualité des réfugiés, etc.
Jurizone: Et à ses avocats membres ?
Me Ho Sung Kim : L’AQAADI est un dispensateur reconnu par le Barreau du Québec pour donner des formations continues aux avocats. Ainsi, l’AQAADI offre à ses membres un colloque de 2 jours annuellement et plusieurs sessions de formation à bons coûts.
Jurizone: Y a-t- il d’autres précisions ou sujets sur lesquels vous souhaiteriez attirer l’attention dans le domaine ?
Me Ho Sung Kim : Dans le domaine de l’immigration, le public ne connait pas souvent la différence entre les consultants en immigration et les avocats. Ainsi, il est important pour le Barreau du Québec et les avocats qui ne font pas du droit de l’immigration de sensibiliser le public et les clients à cet égard, s’il y a lieu.
(c) Jurizone, 2017