Entrevue avec Me Marie Eve Plante Hébert, l’avocate ayant intervenu dans une cause mexicaine fortement médiatisée.

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Après avoir travaillé dans une grande firme d’avocats et passé par un plus petit cabinet, son courage l’a poussé à se lancer à son compte. C’est l’avocate dont tout le Québec avait entendu parler lorsqu’elle est partie au Mexique intervenir dans une cause fortement médiatisée.  C’est avec plaisir qu’elle accorde cette entrevue à Jurizone nous entretenant de son expérience.

Jurizone : Maître Plante-Hébert, vous êtes avocate à votre compte, comment trouvez-vous l’expérience ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Je trouve cette expérience très enrichissante et pleine de défis.  Avoir mon propre cabinet me permet de toucher à tous les aspects d’une petite entreprise, soit la gestion, l’administration, la comptabilité, les ressources humaines, le développement des affaires.  Je crois que c’est ce côté multidisciplinaire qui me plait plus que tout dans ma pratique.  De plus, j’ai le loisir de choisir les dossiers sur lesquels je travaille, ce qui n’était pas le cas lorsque j’étais salariée.

Jurizone : Vous étiez donc salariée et maintenant à votre compte. On sait que vous avez tenté l’expérience parmi trois différents types de pratique : dans une grande firme, dans un petit bureau et à votre compte, comment pouvez-vous décrire chacune d’entre elles ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Selon moi, la grande firme est l’endroit idéal pour y acquérir une bonne expérience avec des avocats chevronnés dans leurs domaines respectifs.  De plus, dans ce type de firme, les avocats disposent de nombreuses ressources afin de les soutenir et les aider tels qu’adjoints juridiques, techniciens juridiques, étudiants, stagiaires et avocats seniors.

Les petits bureaux sont toutefois beaucoup plus conviviaux et le cadre de travail y est moins formel et plus détendu.  Souvent, les avocats sont appelés à intervenir dans la gestion quotidienne du bureau et participent à toutes les étapes des mandats qui leurs sont confiés, de la rencontre initiale avec les clients, de la recherche jurisprudentielle et doctrinale, de la confection des différents contrats et actes procéduraux à la plaidoirie et la fermeture des dossiers.

Pour ce qui est du travail à son compte, c’est le côté entrepreneurial, développement des affaires qui prédomine.  Les choix reviennent tous à l’avocat et sa conduite n’est pas dictée par un employeur.  Ce type de pratique peut toutefois être très stressant et demande une discipline exemplaire ainsi qu’une excellente gestion du temps.

Jurizone : Pourquoi avez-vous décidé de partir à votre compte ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Ayant la fibre entrepreneuriale, je caressais depuis le début de mes études en droit le rêve d’avoir ma propre firme, mais je désirais prendre de l’expérience avant de me lancer dans cette grande aventure.  Forte d’une bonne expérience et d’une clientèle grandissante, j’ai donc décidé de faire le saut et de tenter l’expérience.  Il y a eu des moments plus difficiles, mais tout compte fait, je ne regrette aucunement mon choix de travailler à mon compte.

Jurizone : Vous avez opté surtout pour le droit des affaires, est-ce qu’il y a des raisons en particulier pour avoir choisi cette branche ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Étant d’une famille d’entrepreneurs, je me suis intéressée très jeune aux affaires en général et surtout à tout le processus complexe de l’organisation juridique et des incidences fiscales qui y sont reliées.  Il tombait donc sous le sens que je me dirige vers cette pratique que j’affectionne particulièrement.  Il est à noter que je pratique aussi en litiges civils et commerciaux.

Jurizone : Vous avez déjà intervenu par le passé dans un dossier ayant été grandement médiatisé, parlez-nous un peu de cette expérience où vous avez eu à répondre à plusieurs entrevues.

Me Marie Eve Plante-Hébert : Pour vous mettre en contexte, un de mes clients ainsi que quatre de ses acolytes se sont retrouvés dans une position très fâcheuse au Mexique.  À Puerto Vallarta, une fusillade a éclaté et a résulté en la mort d’un policier mexicain.  Les policiers ont donc arrêté tous les gens qui se trouvaient sur place, dont mon client et ses amis, et ceux-ci se sont vus transférés dans une installation militaire où ils sont restés emprisonnés dans des conditions inhumaines pendant plusieurs jours sans avoir accès à un avocat ou même un traducteur.

Afin de leur trouver un avocat mexicain et de faire des pressions diplomatiques, je me suis rendue à Mexico City.  Nous avons réussi à faire transférer mon client et ses amis dans une maison transitoire, et ceux-ci ont finalement été relâchés après 40 jours d’emprisonnement.

Afin de faire bouger les choses au niveau diplomatique, j’ai contacté les différents paliers gouvernementaux ainsi que les médias.  J’ai eu à accorder quelques entrevues à la presse écrite ainsi qu’une entrevue exclusive téléphonique avec un journaliste de renom.

Mon expérience avec les médias ne fait que renforcer mon idée que les avocats doivent être très vigilants lorsqu’ils s’adressent aux médias et bien comprendre la portée que les paroles peuvent avoir sur la suite du dossier ainsi que sur la relation client-avocat.  Dans mon cas, mon expérience s’est avérée positive.

Jurizone : Vous parlez le français, l’anglais et l’espagnol. Quelle est l’importance de parler plus qu’une langue pour les avocats selon vous ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Lorsque nous sommes appelés à travailler dans des dossiers d’envergure internationale, il est fort utile de pouvoir converser avec les parties dans leurs langues respectives.  Aussi, les discussions et négociations avec les différentes autorités locales d’un autre pays s’en trouvent facilitées de par le contact direct et par la minimisation du nombre d’intermédiaires.  Apprendre plus d’une langue est pratique et utile, et ce, même au Québec.  En effet, plusieurs de mes clients sont des nouveaux arrivants qui ont de la difficulté à s’exprimer en français ou en anglais et sont forts heureux de pouvoir s’exprimer clairement avec moi dans leur langue maternelle.  Quoiqu’il ne soit pas nécessairement primordial de parler une langue étrangère, je crois en l’importance de pouvoir s’exprimer clairement en français et en anglais.

Jurizone : Sur un autre plan, vous avez déjà été conseillère en recherche de cadres. Comment cette expérience a été pour vous un plus pour la pratique du droit ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : La recherche de cadres m’a permis de connaître un grand nombre de professionnels, de cadres d’entreprises, bref, d’élargir grandement mon réseau de contacts.   Ceci m’est toujours très utile au niveau du développement de ma clientèle.

Jurizone : Avez-vous des loisirs en dehors de votre travail ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : J’ai plusieurs loisirs en effet tel le piano, l’équitation, la cuisine, la course, la cinématographie, la politique.

Jurizone : Jugez-vous qu’il soit essentiel d’avoir des loisirs ou une passion en parallèle à la pratique du droit ?

Me Marie Eve Plante-Hébert : Les loisirs nous permettent de garder un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.  Ils nous permettent aussi de ventiler le stress du travail et rendent notre vie personnelle beaucoup plus trépidante et intéressante.

 

Tous droits réservés (c) Jurizone, 2012

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