Elle est avocate pour une société d’État fédérale après avoir été en pratique privée. En plus de son baccalauréat en droit et de sa licence de pratique, elle est Juris Doctor en Common Law nord-américaine et poursuit une maîtrise en droit des affaires à l’Université de Montréal. Des valeurs telles que l’intégrité, la transparence, le respect et la confiance sont au centre des qualités auxquelles elle adhère. Dans le cadre de cette entrevue qu’elle accorde à Jurizone, Me Stéphanie Hovsepyan explique comment son parcours professionnel et académique lui a été utile pour bâtir sa personnalité et ses compétences tout en décrivant la différence entre la pratique du droit dans le domaine public et et le domaine privé. D’ailleurs, celle qui a également vu l’importance du stage lors des études et qui a également travaillé pour la marque Hugo Boss par le passé, est aussi…ceinture noire en Karaté ! C’est avec plaisir qu’elle a accordé cette entrevue à Jurizone où elle prend le temps d’expliquer en détails des aspects personnels pertinents dans le milieu juridique.
Jurizone: Me Hovsepyan, pourquoi avez-vous choisi d’être avocate ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Depuis mon plus jeune âge, je croyais vouloir exercer une profession dans le domaine de la santé. Je m’imaginais bien médecin, pharmacienne ou dentiste. Une fois au cégep, je me suis toutefois rendue à l’évidence que je n’étais pas douée pour les sciences! J’ai donc décidé de choisir une profession qui interpellerait plutôt mon intérêt pour la lecture et l’écriture, et je ne regrette pas ce choix!
Jurizone: Vous travaillez actuellement pour une société d’État fédérale, quelles sont vos principales tâches?
Me Stéphanie Hovsepyan: Mon rôle a pour objectif d’offrir un soutien et conseils aux autres services de la Société, de façon à assurer le respect, par la Société, des dispositions législatives et règlementaires applicables, de même que des valeurs véhiculées par celle-ci. Mes tâches consistent principalement à réviser et rédiger des documents contractuels en lien avec des travaux de construction à être exécutés sur les ouvrages et structures dont la Société a la responsabilité et la gestion, ou encore en lien avec l’utilisation de ces ouvrages et structures. Les documents à réviser sont variés; on retrouve des documents d’appel d’offres, des contrats de services professionnels en ingénierie, des baux, permis, licences de tournage et des conventions de recherche et développement. De façon accessoire, j’effectue aussi l’analyse et le traitement de certaines réclamations et j’aide à la coordination et au suivi de certains mandats juridiques confiés à l’externe.
Jurizone: Comment y trouvez-vous l’expérience ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Il est excessivement enrichissant de travailler avec des professionnels d’autres domaines. Dans le cadre de mon travail, je côtoie et travaille en collaboration étroite avec des ingénieurs en génie civil, en environnement ou encore en contrôle de la circulation. Le travail d’équipe est omniprésent au sein de la Société et chaque personne y met du sien pour la réalisation d’un projet. L’atmosphère de travail et la synergie sont enrichissantes et contrastent avec la pratique traditionnelle du litige.
Jurizone: Vous avez travaillé dans le privé auparavant, quelle différence voyez-vous entre la pratique au niveau d’une société publique et d’une société privée ?
Me Stéphanie Hovsepyan: En pratique privée, c’est dans tous les cas l’intérêt du client qui doit être mis de l’avant, que l’on travaille au sein d’un bureau d’avocats ou en contentieux. Travailler au sein d’une société d’État, c’est un peu comme travailler en contentieux, en ce que les tâches accomplies peuvent se ressembler, mais elles le sont dans l’intérêt du public en général plutôt que dans l’intérêt du client. Les décisions, les orientations, les stratégies sont donc généralement plus longues à prendre ou à adopter, car la réflexion ne doit pas porter sur les intérêts d’une seule personne comme au privé, mais plutôt sur l’ensemble de la société, puisque nous travaillons avec les fonds publics.
Jurizone: Les compétences que vous développez au niveau public diffèrent-elles du domaine privé ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Selon moi, oui.
Jurizone: Comment ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Au privé, je pratiquais presqu’exclusivement en droit de la famille et des successions et traitais à l’occasion des dossiers en louage résidentiel. Dans ces domaines, l’avocat est appelé à gérer beaucoup d’émotions, incluant les siennes, c’est pourquoi je crois que la maîtrise de soi et la capacité de prendre du recul sont d’excellentes aptitudes à avoir. Pour ma part, étant très sensible, c’est l’élément que j’ai dû apprendre à travailler au fil du temps. Dans le secteur public, la relation avocat-client est beaucoup moins personnelle. Toutefois, compte tenu du fait que l’avocat est appelé à tenir compte de l’intérêt public, je crois que la transparence et la diplomatie/le tact sont des aspects qu’il est nécessaire de développer.
Jurizone: Quelles sont selon vous les qualités requises ou à développer pour bien percer en tant qu’avocate au niveau d’une société d’État ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Pour bien percer comme avocat au sein d’une société d’État, je crois qu’il faut nécessairement apprendre à connaître celle-ci et se familiariser avec sa vision, ses valeurs, ses politiques, ses directives et son mode de fonctionnement, puisque tous ces éléments doivent être pris en compte dans le cadre d’une prise de décision. Par exemple, comme donneur d’ouvrage public dans le domaine de la construction, il est important d’avoir une bonne connaissance du mode de fonctionnement de l’approvisionnement pour assurer un système d’attribution des contrats qui soit juste et intègre.
Jurizone: Et au niveau de la pratique privée ?
Me Stéphanie Hovsepyan: La relation de confiance entre l’avocat et le client est ce qu’il y a de plus important en pratique privée. Ainsi, une bonne communication est primordiale, qu’il s’agisse de divulguer une information adéquate et complète au client, mais aussi d’effectuer une vulgarisation des enjeux et principes dans une affaire, si cela s’avère nécessaire. Dans les domaines dans lesquels j’ai été appelée à pratiquer, il fallait pouvoir s’adapter à une clientèle très diversifiée. Enfin, l’intégrité est l’une des plus belles qualités qu’un avocat puisse avoir, peu importe s’il travaille au privé ou au public.
Jurizone: En plus de votre baccalauréat en droit et de votre licence du Barreau du Québec, vous êtes Juris Doctor en Common Law nord-américaine et vous poursuivez actuellement une maîtrise en droit des affaires à l’Université de Montréal. Vous accordez beaucoup d’importance à la scolarisation. Pourquoi ?
Me Stéphanie Hovsepyan: C’est souvent parce que je ne connais pas particulièrement un domaine que je m’inscris à un cours, contrairement à d’autres étudiants qui désirent se spécialiser. La Common Law a été pour moi la plus belle découverte; ce programme m’a fait prendre conscience des différences entre notre système de droit civil et les systèmes de Common Law de plusieurs pays et des enjeux y reliés. De façon générale, je trouve qu’il est important de continuer à ajouter des cordes à son arc, peu importe le domaine dans lequel nous exerçons.
Jurizone: Vous avez complété plusieurs cours en fiscalité et vous poursuivez actuellement votre maîtrise en droit des affaires. Comment voyez-vous le droit et le monde des affaires de nos jours ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Le monde des affaires est en constante évolution, comme la pratique du droit de façon générale. Ainsi, je crois qu’il faut être en mesure de bien s’adapter et être réceptif aux changements, être innovateurs. Ce que j’ai beaucoup aimé dans le cadre de la maîtrise en droit des affaires, c’est qu’il y a énormément de diversité. J’ai pu suivre des cours portant sur le droit minier, le droit de l’hydro-électricité et l’éthique, la gouvernance et la conformité dans les marchés financiers. Les cours offerts tenaient compte à mon avis des sujets qui sont d’actualité. Ainsi, il faut non seulement se tenir à jour, mais aussi constamment savoir se réinventer.
Jurizone: Lors de vos études universitaires, vous avez également fait un stage comme étudiante. Jugez-vous essentiel de mettre en application rapidement ce qui est enseigné au niveau académique ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Oui, car c’est de cette façon que l’on apprend à appliquer les principes juridiques qu’on nous a enseignés à des situations bien réelles, à pousser la réflexion sur certains sujets qui nous intéresse.
Jurizone: Pouvez-vous nous en dire plus ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Un principe ou une règle de droit peut parfois être appliquée différemment selon les faits; à mon avis, il n’y a rien de noir ou de blanc en droit. Aussi, la pratique du droit à ce stade permet de découvrir quels sont nos intérêts, nos forces, nos faiblesses. C’est d’ailleurs par la pratique du droit que j’ai découvert dans quel domaine j’aimais exercer, quels étaient les aspects de ma personnalité que je pouvais mettre de l’avant ou ceux sur lesquels je devais de travailler pour m’améliorer au travail.
Jurizone: Avant votre cheminement plus approfondi en droit, vous avez travaillé pour Hugo Boss. Comment évaluez-vous le fait que vous avez travaillé à ce niveau vous a aidé en tant qu’avocate plus tard ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Comme étudiante, cet emploi m’a particulièrement aidé à développer une approche centrée sur le client. Sur une note un peu plus légère, j’ai également pu bénéficier de beaux vêtements à moindre coût et qui me sont aujourd’hui très utiles!
Jurizone: Finalement, vous êtes…ceinture noire au Karaté ! Comment cette discipline personnelle vous a été utile dans votre cheminement ou même…dans votre pratique du droit ?
Me Stéphanie Hovsepyan: Outre les bienfaits pour le corps, le karaté est un sport qui est bénéfique pour la santé mentale. C’est une discipline qui pousse l’individu à découvrir et dépasser ses limites et donc à donner son 200%. On nous inculque le respect, la maîtrise de soi, la confiance en soi, de même que la persévérance et ce sont toutes de belles valeurs à adopter dans la vie de tous les jours, y compris au travail.
(c) Jurizone, 2016.