Avez-vous déjà un profil Facebook, Non ? Eh bien, tant mieux, mais comme le diront plusieurs, vous n’êtes pas technologiquement moderne ! Oui ? Tant pis, car au-delà du divertissement que cette tribune d’expression vous offre, il y a toute la notion de votre vie privée qui rentre en jeu. Vous savez probablement déjà de quoi je parle, vous disant que ce n’est pas grave, vous vous contrôlez bien. Certainement ? Ça ne vous a jamais tenté de parler un peu trop de vous ? De mettre des photos de l’ensemble de votre famille et amis ? De faire partie de certains groupes en particulier ?
Tout d’abord, qu’est-ce que Facebook ? Pour ceux qui ne le savent pas, il s’agit d’une plate-forme de réseautage dans laquelle il y a déjà plus de 28 millions de profils actifs. Au Canada, l’ampleur du site est phénoménale : monté de 347 000 visiteurs uniques en 2006 à plus de 10,5 millions de visiteurs unique au mois de mai 2007, selon les données de comScore Inc.
Vous avez toujours été curieux et attiré par ce qui se passe dans la cour du voisin ? Vous n’avez plus à sortir de chez vous ! Facebook vous en offre beaucoup plus. À un point où si la personne vient de tousser, elle va l’écrire et probablement, aller l’écrire sur le « mur » (ou « wall » en anglais) de ses amis ! À un point où des groupes de toutes sortes voient le jour à chaque minute ou presque. J’ai même suivi l’ouverture d’un groupe « sans aucun but ». Croyez-le ou non…plus de 50 membres ont adhéré en 24h, ils étaient plus de 100 en 48h ! Mais, ce n’est pas tout : plusieurs n’ont pas hésité à afficher des propos sur le « mur » !
Le phénomène Facebook est incroyable, auparavant les gens regardaient dehors par leur fenêtre pour tenter de savoir ce que leur voisinage faisait. Maintenant, plus besoin de se compliquer la vie, c’est le voisin qui vient vous mettre le tout sur un plateau d’or et ce, à la vue de millions de voisins à travers le monde. Simple question : iriez-vous jusqu’à mettre vos informations à la vue de tout le monde en les affichant sur votre porte de la maison ou celle de votre véhicule ? C’est surprenant ? Pourtant, Facebook est similaire ou…presque. Bien que le concept soit assez amusant, il n’est pas sans risque. Certains sont assez prudents, mais le tout est tentant, c’est-à-dire, plus on en voit, plus on est tenté de faire comme les autres et de partager nos informations, nos moments de la journée, nos hauts tout comme nos bas, nos albums de famille, etc. J’en ai vu de toutes les couleurs: certaines personnes fournissent tellement d’information qu’il ne manque que leur numéro d’assurance sociale ou de carte de crédit qui n’est pas en ligne, ils dressent même leur passé à travers leur description et leurs albums photos. D’autres peuvent passer des heures à rédiger des commentaires sur les « murs » de leurs amis ou des différents groupes auxquels ils adhèrent. À voir cela, on peut dire que le site peut même créer une certaine dépendance comme l’alcool ou la drogue. Verra-t-on bientôt une association du genre « Facebookers anonymes » ? Seul le temps le dira.
Le problème dans tout cela, selon VeriSign iDefense, une entreprise américaine spécialisée dans la sécurité informatique, c’est surtout la divulgation des informations personnelles. L’entreprise affirme qu’en l’espace de quelques minutes, elle a réussi à avoir tellement d’informations sur une personne utilisant Facebook pour être en mesure de voler son identité. En effet, il n’y a pas que les amis sur Facebook. Si l’on n’active pas les paramètres de sécurité qui donne tout de même une certaine marge de vie privée, on n’est pas toujours à l’abri des fraudeurs. En effet, selon les constatations que j’ai pu faire, un profil très détaillé peut être élaboré sur une personne à partir de différents éléments. Ainsi, quiconque n’a plus à se compliquer la vie pour connaître son marché, que ce soit les fraudeurs, les services de renseignements ou l’entreprise privée. À partir de la description que l’utilisateur affiche, des différents albums de photos faisant part de ses sorties, famille et amis, le type de groupes auxquels la personne adhère, les commentaires qu’il met sur les « murs » de ses amis et des différents groupes, et même sa liste d’amis peut en dire long. Dans un tout autre ordre d’idées, en parlant de liste d’amis, un fait assez intéressant est le fait que certains ont une liste de près de 750 amis. 750 ? Est-ce possible ? Combien, dans toutes ces personnes, sont des amis vrais et sincères ? À force d’en avoir, on finit par ne plus avoir personne, voire, en ayant des amis à la chaîne, on perd l’aspect humain de l’être et de son intimité. Certains diront que Facebook leur a permis de renouer avec leurs amis du secondaire ou encore de rester en contact avec certains. Oui, et après ? Le téléphone existe, n’est-ce pas là une façon plus avantageuse de faire part de cette amitié sincère ? Oui, mais ça permet de voir l’évolution de l’ami, comment il est devenu, ce qu’il fait. Oui, mais les restaurants et les cafés existent, pourquoi ne pas aller prendre un café avec si cela nous intéresse tant ? Pas le temps ? Mais, où trouve-t-on tout ce temps pour nous amuser sur Facebook à « hug » notre amie, à « slap » un autre ami, ou à le transformer en zombie ?
Le phénomène Facebook est quand même avantageux, il permet de rapprocher des membres de la famille éloignée et de suivre leur évolution, mais s’il s’agit d’un moyen de communication avec un ami qui habite à 15 minutes de chez soi, la chose devient un peu bizarre. Certains, voir plusieurs, se créent une vie virtuelle : ils restent en contact avec leurs amis sur Facebook, ils communiquent par Facebook, ils font des invitations par le biais de Facebook, ils disent qu’ils ont toussé lorsqu’ils toussent sur Facebook, on apprend ce qu’ils ont mangé avant-hier (s’ils n’oublient pas de manger) et où ils ont été il y a une semaine et avec qui, s’ils ont cassé avec leur copain ou leur copine ou repris, s’ils ont fêté leur anniversaire ou non, et même, de voir les caractéristiques de quelqu’un qui vous intéresse professionnellement ou personnellement. Même que l’on peut acheter un « cadeau » virtuel pour leur remettre publiquement à un ami de notre liste. Bref, certains se créent une vie virtuelle qui leur est propre un peu à l’image du concept Second Life. Bref, c’est à se demander si Facebook n’offrirait pas bientôt une citoyenneté à ses fidèles utilisateurs !
Mais, ici, il ne s’agit pas de critiquer, il s’agit tout simplement de faits que quiconque peut constater avec un peu d’attention. D’ailleurs, il n’y a pas que des inconvénients à cela. Il y a aussi plusieurs avantages, soit le fait de rester en contact avec de la famille loin de chez soi, de suivre le déroulement du voyage d’un ami, ou même de découvrir certaines nouvelles choses tout simplement en y voyant l’intérêt des autres, le goût en commun pour certains livres ou films apparaissant dans le profil des autres, par exemple. Aussi, en créant certains groupes, on peut appuyer des causes ou faire preuve d’ouverture sur différents sujets, voir même permettre aux autres de changer notre opinion ou notre perception sur certains détails. Également, on n’a qu’à penser à ce qui s’est passé à Virginia Tech, Facebook a aidé plusieurs à se « recueillir » dans le deuil et même, de connaître un peu plus sur les victimes, à partir de partout dans le monde.
Bref, ce n’est pas Facebook que je critique, mais je cherche plutôt à sensibiliser les gens sur son usage. D’abord il faut éviter de plonger dans une vie virtuelle puisque entre le réel et le virtuel, c’est deux mondes ! Et d’un autre côté, il faut éviter de tomber dans le piège facile de vouloir parler de soi aussi facilement en dévoilant notre vie au monde entier. Ce n’est pas tous les êtres humains qui sont fins et honnêtes. Des criminels de toute sorte n’attendent que de voir passer une proie. Le plus ils en savent sur nous, le plus ils peuvent copier notre identité. En mettant tout sur nous, les choses peuvent bel et bien se retourner contre…nous ! Peu importe combien on découvre qu’on aime parler de soi, encore plus en ligne (ce qui est pire) qu’en personne, il y a des limites à respecter pour le bien de notre vie privée. D’ailleurs, nous ne pourrons venir par la suite blâmer les gestionnaires de Facebook. Si l’on prenait le temps de lire leurs règlements, on comprendrait peut être un peu le danger représenté par un manque de prudence.
Finalement, je ne vous dis pas de fermer votre compte sur Facebook, mais tout simplement de faire preuve de prudence.
Voici une sélection de paragraphes tirés des règles d’utilisation de Facebook en matière de renseignements privés :
“Although we allow you to set privacy options that limit access to your pages, please be aware that no security measures are perfect or impenetrable. We cannot control the actions of other Users with whom you may choose to share your pages and information. Therefore, we cannot and do not guarantee that User Content you post on the Site will not be viewed by unauthorized persons. We are not responsible for circumvention of any privacy settings or security measures contained on the Site. You understand and acknowledge that, even after removal, copies of User Content may remain viewable in cached and archived pages or if other Users have copied or stored your User Content. ”
“Facebook may use information in your profile without identifying you as an individual to third parties. We do this for purposes such as aggregating how many people in a network like a band or movie and personalizing advertisements and promotions so that we can provide you Facebook. ”
“We may use information about you that we collect from other sources, including but not limited to newspapers and Internet sources such as blogs, instant messaging services, Facebook Platform developers and other users of Facebook, to supplement your profile. ”
“We share your information with third parties only in limited circumstances where we believe such sharing is 1) reasonably necessary to offer the service, 2) legally required or, 3) permitted by you. ”
“Please keep in mind that if you disclose personal information in your profile or when posting comments, messages, photos, videos, Marketplace listings or other items , this information may become publicly available. “