Par S. Proulx (2007)
Tout d’abord, soyons clair. Le premier obstacle à la consultation d’un avocat, c’est…son tarif ! Un avocat me coûte-t-il trop cher ? Ce genre de question vous est-elle venue à l’esprit lorsque vous êtes allé consulter votre médecin ou probablement, lorsque vous avez subi une opération par votre chirurgien ? Vous êtes-vous déjà posé cette question si un médecin coûte cher lorsque vous allez voir votre médecin ou votre chirurgien, lors d’une opération ? Probablement pas, n’est-ce pas ? C’est normal puisque c’est le gouvernement qui s’en charge. Cela aurait été similaire si le domaine juridique était également couvert par le système public.
Évidemment, dans le cas qui nous concerne, la question est d’une autre nature. Supposons que vous avez un litige pour une somme de 1000$ à régler. Sans parler de la Cour des petites créances, auriez-vous recours à un avocat ? Posons la question autrement : Vous voulez régler un dossier dans lequel vous êtes sûr que cela vous coûterait beaucoup plus cher en bout de chemin, même si vous avez gain de cause, que si vous auriez rien fait du tout. Agirez-vous ? Croyez-le ou non, plusieurs foncent par question de principe uniquement. D’ailleurs, il y a déjà eu des causes qui coûtent cher pour peu mais simplement sur la base de principes. Par exemple, il y a déjà eu une cause qui a coûté des milliers de dollars uniquement pour savoir à qui va une cuillère qui coûte à peine un dollar ! Quelque soient les circonstances, pourquoi un avocat coûte-t-il si cher pour plusieurs ?
Tout d’abord, ce n’est pas par amour de l’argent ou par opportunisme quelconque. Il faut comprendre que la profession d’avocat est une profession libérale privée. Cela veut dire que la seule source de revenu de cette profession, c’est les honoraires que verse les clients. Gagner son pain au jour le jour n’est pas nécessairement assuré. Bien qu’il n’y ait pas la crainte de licenciement, l’avocat praticien n’est pas toujours un salarié et n’a pas de revenu public ou autre. Or, son calcul doit prendre en considération plusieurs éléments afin d’assurer sa survie. Oui, il y a plusieurs avocats qui deviennent riche, mais, pas à n’importe quel prix! L’horaire de travail de ces individus est de 8h à 22h dans la plupart des cas, si ce n’est pas prolongé par des nuits blanches. Ceux-là restent tout de même l’exception. Revenons à l’avocat moyen.
Avant même que l’avocat pense à de quoi gagner, il doit d’abord penser à couvrir ses frais. Il faut qu’il assure avant tout le paiement de son loyer, les assurances et le chauffage. Ensuite, pensons au personnel qui sont là pour l’assister dans ses tâches, cela pourrait être le ou la secrétaire ou/et un(e) assistant(e) juridique. Vos tarifs viennent déjà de se diviser, au moins, en deux. Il ne faut pas oublier d’ajouter tous les frais de gestion de votre bureau : fournitures, photocopies, téléphone, télécopieur, internet, etc. De plus, étant donné qu’il s’agit d’une profession libérale, il faut trouver les clients. Quelques soupers ici et là, quelques invitations, et voilà quelques dollars de dépensés. Finalement, il s’agit d’un domaine en constante évolution : l’achat de livres par ici, assister à des congrès par là, et voilà quelques centaines de dollars qui viennent de sortir également. Sans compter les frais de transport (taxis, essence, parking, etc.). Il ne faut pas oublier la cotisation à l’ordre professionnel, et probablement le coût d’adhésion à certaines associations.
Bref, avant de gagner le moindre dollar, l’avocat indépendant, doit assurer un revenu d’environ 2 500 $ au moins. Cela veut donc dire qu’il part à 2 500 $ en bas de zéro à chaque mois ! Ensuite, il ne faut pas oublier de déduire de son revenu les impôts, ses assurances et ses autres dépenses qui sont généralement couvert pour les employés dans les grandes entreprises (soins dentaires, soins visuels, médicaments, etc.). À cela, ne devrait-il pas mettre un peu de côté pour préparer sa retraite ? Que lui reste-t-il pour se nourrir et se loger ? Également, il ne faut pas oublier que les taxes payées par le client ne vont pas dans les poches de l’avocat. L’État se charge de les collecter et les redistribuer.
Cela ne s’arrête pas là. L’avocat doit penser à toutes les tâches administratives qu’il doit accomplir ou déléguer (encore une dépense). Que ce soit le courrier, la comptabilité, la gestion des employés le cas échéant. Aussi, il faut préciser que l’avocat ne charge pas toujours tout ce qu’il fait pour un client en plus qu’il ne le mentionne pas nécessairement à ce dernier (ou le charge mais de façon symbolique) : le temps pour se déplacer et attendre au Palais de justice (qui parfois peuvent être des journées entières).
Il est à noter qu’il y a également un risque que parfois un client peut en faire perdre d’autres clients potentiels. Aussi, certains clients vont négocier un paiement mensuel. Il ne faut pas oublier que l’avocat ne peut se permettre une pareille pratique dans ses propres frais à payer. Sans oublier que certains clients disparaissent parfois dans la nature pour un certain temps.
Or, pour avoir le même rythme de vie qu’un citoyen de classe moyenne, un avocat doit s’assurer plusieurs milliers de dollars par mois avant de commencer à faire son premier dollar. De quoi rendre certains pessimistes, mais, au moins, le client serait un peu plus sympathique à la cause.